Barcelone et moi

Coronavirus : le journal dans le journal

La chronique du Covid-19 est devenue virale, à Barcelone aussi.

En Espagne comme dans tous les pays frappés par cette pandémie, le confinement a remis à la mode le journal, que l'on n'ose plus qualifier d'intime à l'heure de l’instantanéité mondialisée. Et dans ce cas : vive la mode ! Car le journal intime est l'un des genres littéraires les plus nobles, de Madame de Stael à Paul Léautaud, et jusqu'au Journal d'un Génie de Salvador Dali. En passant par le faux Journal d'un Voleur de Jean Genet, roman vrai sur le « barrio chino » (Raval) de Barcelone dans les années trente. Le journal est même parfois un genre qui ne dit pas son nom, si l'on considère par exemple « À La recherche du temps perdu » comme une longue confession intime. Bien sûr, rapporté à la chronique quotidienne du coronavirus à travers les réseaux sociaux et la presse en ligne, il faudrait imaginer alors un Proust sous acide et constamment « connecté », ce qui eût été insupportable à cet auteur clinophile. Tout le contraire d'un Paolo Giordano, auteur-sprinter du Covid-19, qui a publié le premier récit romancé sur la pandémie dès la fin du mois de mars ! Un court ouvrage qui s’intitule « contagions » (ed. Seuil), même si le titre original italien est plus explicite : « Nel contagio », « Dans la contagion ». Un livre écrit « en temps réel », précise judicieusement le communiqué de presse. En France, les écrivains se sont également mis à la page, comme Marie Darrieusecq ou Leila Slimani, qui rapportent dans leurs médias cette chronique du coronavirus (respectivement dans Le Point et Le Monde).

Valérie Blanchard)

Barnanews.com se met donc au diapason et proposera désormais son « journal du coronavirus ». Et pour cela, nous comptons sur vos témoignages, vos réflexions, vos conseils et votre regard sur cet isolement qui rapproche nos solitudes. Chaque épisode sera illustré par le regard acerbe de la peintre Valérie Blanchard, qui sait retranscrire comme personne le quotidien de Barcelone. Recluse comme tout un chacun, l’artiste promènera son crayon et ses pinceaux entre la cuisine et la terrasse de son appartement de Poble Sec, point de vue privilégié sur la ville confinée.

Pourquoi ce journal ? Parce que la situation nous impose de porter un autre regard sur notre quotidien, pour éviter que cette crise ne soit qu'une péripétie avant un retour vers nos habitudes de consommation et de loisirs. L'exercice comporte ses risques, et Leila Slimani en a fait les frais se faisant traiter de « Marie-Antoinette du confinement » pour des chroniques quelque peu déconnectées de la réalité des lecteurs. Le Covid-19 marquerait-il la fin d'un règne ? À vous de le dire...

 

Lire ici : épisode 1, épisode ?; épisode 3...