Portraits

Laura Culat : le Pilates en version française

« Ma vie est une longue série d'allers-retours entre La France et Barcelone, ou entre Madrid et Barcelone ». Pas étonnant que Laura Culat ait donc fini par poser ses valises à Barcelone.

Un retour dans sa ville natale où, quelques lustres plus tôt, son père -à la fois Républicain et francophile convaincu- l'avait placée dans une école religieuse « parce que les nonnes parlaient et enseignaient le français ». C’était peut-être une façon plus au moins consciente d’élargir l'horizon de la petite fille vers d'autres cultures et d'autres cieux, avec la « bénédiction » du père et des sœurs de l'lmmaculée Conception ! Le rapport de cause à effet n'est sans doute pas si flagrant... Toujours est-il que Laura Culat, à tout juste dix-huit ans, tombe amoureuse de Notre-Dame de Paris et d'un jeune homme sur un bateau mouche descendant la Seine. Le destin était peut-être tracé, mais le choix de partir à Paris était surtout pleinement assumé et motivé par la double passion du théâtre et de la danse. Paris devient alors pour Laura Culat la ville de tous les possibles, au centre international de la danse avec Carolyn Carson comme aux cours d'art dramatique de Jacques Fontan. Ces deux passions la conduisent parfois à Barcelone, à Madrid, et de nouveau à Barcelone avant de repartir vers Montpellier...

Une existence au rythme des coups de tête et des coups de cœur, comme celle des amoureux et des artistes, jusqu'à ce que la maladie et une douzaine d'opérations obligent Laura Culat à se centrer sur elle-même, pour survivre d'abord, puis reprendre possession d'un corps sain. Et c'est comme une nouvelle vie qui commence avec la rencontre du professeur de Pilates Marc Letteri, qui va devenir son maître : « Je ne connaissais rien de cette discipline, mais j'ai eu un véritable coup de foudre pour ces machines et cette pratique qui m'a permis de me retrouver ». La passion en sait parfois sur nous davantage que nous n'en savons d'elle ; c'est aussi le cas de la poésie, en particulier celle de Constantin Cavafis, dont Laura Culat vénère l'Ithaque (1) depuis l'enfance : «Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences... ». Après trois ans de formation Pilates à Montpellier, Laura Culat prend encore le temps de retourner quelquefois les mots de Cavafis dans sa tête, avant de rentrer à Barcelone avec sa fille et son chien Vanille. Cela fait maintenant dix ans qu'elle a créé son propre centre Pilates à Barcelone, dix ans qu'elle enseigne cette méthode qui tonifie les muscles et fortifie le corps tout en apaisant l'esprit.

Dans son centre, Laura Culat reçoit des personnes âgées comme des jeunes sportifs : « Le Pilates est vraiment adapté à tous types de physiques et tous âges, cela peut concerner aussi bien une récupération post-opératoire qu'une façon d'améliorer ses performances, pour les sportifs et les danseurs par exemple ; on pourrait définir Pilates comme une méthode globale de santé ». Laura Culat propose évidemment des cours en français pour la partie de sa clientèle francophone qui le souhaite, et pour entretenir une langue qui garde pour elle une sorte de « sainteté » depuis son passage à l'Immaculée Conception. « Il est vrai que le français fait un peu partie de mon Ikigaï », plaisante Laura Culat, reprenant ce terme japonais qui désigne tout à la fois un accomplissement personnel et professionnel, et qui lui va aujourd'hui si bien, « sage comme elle l'est devenue à la suite de tant d'expériences », dirait Constantin Cavafis. Mais contrairement au poème, il reste encore pour Laura Culat beaucoup de chemin à parcourir et de passions à assouvir en son Ithaque Barcelone. 

(1) Lire ici le poème de Constantin Cavafis traduit par Marguerite Yourcenar 

Voir ici en vidéo le Centre Pilates Laura Culat de Barcelone sur notre chaîne Youtube