Portraits

Aux âmes, citoyens !

Rencontre avec le père Patrick Portier, nouveau prêtre de la paroisse des Français de Barcelone.

Patrick Portier est le nouveau prêtre et aumônier de la communauté francophone catholique de Barcelone, à la paroisse Notre Dame de Lourdes Originaire du diocèse d'Angers, le père Portier a notamment été aumônier de grandes écoles et de l'université catholique de l’ouest. Il a été curé de paroisse. Sa vocation ouverte sur le monde l'a également conduit à exercer sa mission pastorale auprès de la communauté catholique francophone de Singapour et de Kuala Lumpur. Avant d'arriver cette année dans la capitale catalane. Interview.

 

Quelles sont vos premières impressions comme prêtre et aumônier en Catalogne ?

Père Portier : « Je suis heureux d'arriver au sein de la communauté catholique francophone de Barcelone. Je tiens tout d'abord à remercier mon prédécesseur ici, le père Luidgi. Je vais poursuivre son œuvre pastorale avec les membres de l'équipe d'animation pastorale,avec un engagement conforme à ma personnalité et mon caractère : je veux que cette communauté reste ouverte à tous les styles et à tous les milieux, pour que chacun s'y retrouve. Mes premières rencontres sont d ailleurs tournées vers les familles , les jeunes professionnels, les lycéens. d autres seront consacrées à des chefs d'entreprises français qui souhaitent échanger pour confronter leurs activités économiques aux valeurs évangéliques. J'en suis ravi, parce que c'est une façon de s'ouvrir davantage. Je vais bien sûr m'appuyer sur la grande vitalité de la communauté des laïcs qui animent notre paroisse, très engagés par exemple dans les maraudes ; cela me touche énormément de savoir qu'il y a des catholiques, des familles et des jeunes qui vont régulièrement à la rencontre des gens en difficulté à Barcelone. Ce sont en plus des gens très humbles, qui mettent leur foi au service des plus démunis ».

 

Comment concevez-vous votre mission de prêtre à Barcelone ?

Père Portier : « C'est d'abord une mission de transmission du contenu de la foi, donc liturgique, avec les messes le dimanche à 11 heures, et bien évidemment tous les sacrements : baptêmes, confirmations , avec évidemment la catéchèse et les préparations au mariage. En gardant toujours cette volonté de vivre avec les gens, de partager leur quotidien et leur environnement. Ce qui implique aussi de laisser une grande place au dialogue inter-religieux ou d'aller à la rencontre de ceux qui, ayant perdu la foi, sentent la nécessité d'un questionnement vers quarante ou cinquante ans. Je crois qu'il est également important de favoriser la parole pour permettre à chacun de conceptualiser sa foi : trouver des mots pour répondre aux questionnements des laïcs, notamment lors des grands événements comme les mariages. D'où aussi l'importance de pouvoir porter la parole dans sa langue natale, c'est-à-dire en français ».

 

Quelle est la spécificité de la communauté catholique française et francophone en Catalogne ?

Père Portier : « C'est une communauté ouverte très engagée dans des actions sociales, comme je l'indiquais précédemment. Comme pour toute communauté francophone expatriée, il y a aussi ce besoin d'être rattaché à une paroisse à travers des rites et une langue commune. Dans le même temps, c'est une communauté qui est un peu dispersée sur le territoire. D'où la nécessité d'aller au devant des fidèles, par exemple à Sitges ou à Palamos, où j'étais récemment pour la célébration d'un mariage. Cette démarche de rapprochement est très importante pour moi. Dans cette même logique, je prévois notamment des rencontres dans des bars, parce que tout le monde n'a pas envie de franchir le seuil d'une église. L'important, c'est de partager des expériences pour accompagner chacun dans son chemin de vie. La foi est à l'image d'un vitrail : éclairé par une même lumière qui illumine chaque élément de sa propre couleur. Sans exclure personne. C'est également dans cette optique que j'envisage des visites en prison à l'attention des francophones incarcérés en Catalogne ».