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À la « cantine » de Daniel Brin

Le chef français inaugure un concept de « cantine » dans la tour Mediapro. 

Daniel Brin fête cette année le dixième anniversaire de son bistrot aménagé au pied de la tour Mediapro, dans le quartier 22 @ de Barcelone. C'est le nom de cette zone dédiée aux entreprises technologiques qui avait inspiré l'enseigne « D@niel » de l'établissement, aujourd'hui tout simplement rebaptisé « Daniel », sans arobase. Un changement discret d'identité pour une évolution en douceur de ce bar-restaurant qui inaugure un concept innovant. Au-dessus de la salle où sont servies chaque jour entre 120 et 130 couverts à l'heure du déjeuner (le bistrot est ouvert de 8 heures à 20 heures, uniquement en semaine), Daniel Brin a en effet créé un nouvel espace au premier étage, réservé aux salariés du célèbre géant télévisuel espagnol. « Je servais déjà en quelque sorte de cantine aux salariés du groupe, puisque de nombreux salariés descendaient ici pour déjeuner, et nous avons en quelque sorte aménagé une cantine officielle avec cette salle privative où l'on ne peut accéder que depuis les locaux de Mediapro », commente le chef, dont la même cuisine déjà existante sert à alimenter l'offre de ce nouvel espace privé de restauration collective. Un agrandissement de l'offre qui ne nuit pas, pour autant, à l'activité du restaurant Daniel : « Je pensais que la fréquentation allait baisser dans le restaurant qui fonctionne en grande partie avec la clientèle de Mediapro, mais ce n'est pas le cas », se réjouit Daniel Brin : « Les salariés continuent de descendre pour se mêler à la clientèle extérieure du restaurant. Dans l'espace qui sert de cantine, au premier étage, j'ai en fait touché une partie du personnel qui ne venait pas auparavant dans mon restaurant ». Il faut dire que dans l'ensemble de cet immeuble et ceux des alentours, qui regroupent aussi d'autres entreprises importantes comme l'éditeur RBA ou le fameux cabinet d'avocats Cuatrecasas , le chef dispose d'un « réservoir » d'un millier de clients !

D'autant que ces groupes, comme beaucoup d'autres sociétés en Espagne, tendent aujourd'hui à limiter le télétravail en obligeant leurs salariés à faire acte de présence dans leurs locaux pendant au moins deux ou trois jours par semaine. Ce qui se traduit ces jours-là, dans chacune des salles du Daniel, par quelque 200 couverts par service !

Parallèlement, Daniel Brin a profité d'un partenariat commercial avec la bière El Aguila pour réaménager toute la salle de son restaurant « public » : nouvelle décoration, nouvelle signalétique et nouveau mobilier pour donner davantage de visibilité en gardant une touche française. Il ne saurait en être autrement compte tenu du « pédigrée » de Daniel Brin, pur produit de la haute gastronomie française, qui a longtemps accompagné notamment le chef étoilé français Romain Fornell. Mais le succès du restaurant Daniel repose surtout sur une formule de bistrot qui mélange à la fois des inspirations françaises, catalanes et espagnoles (pas question de déroger à la traditionnelle paëlla du jeudi). Évidemment, une part importante de la carte fleure bon le terroir de l'Hexagone, depuis les croissants au beurre et pains au chocolat du matin, jusqu'à la quiche, le boeuf bourguignon ou le tartare coupé au couteau, inclus dans des formules déjeuner qui défient toute concurrence. « Le nombre de couverts me permet d'avoir un excellent rapport qualité-prix », justifie le chef, et l'extension à la cafétéria privée va justement consolider cette stratégie. En posant les bases d'un possible développement, au cours des prochaines années, avec la possibilité de dupliquer le concept inauguré au sein de la tour Mediapro. « Oui, j'ai déjà quelques idées et certaines entreprises m'ont proposé de reproduire cette formule de restaurant et cantine », confie le chef français, qui veut cependant avancer prudemment : « Après la période que nous avons connue durant le Covid, je pense qu'il faut rester prudent, ce qui n'empêche pas d'être ambitieux et d'avoir des projets, mais il faut voir à long terme », estime le chef français, qui aime aussi garder toujours un oeil sur ses établissements.

Sur ses plans à venir, Daniel Brin ne veut pas en dire davantage, mais toute création sera calquée sur le modèle du restaurant Daniel : un bistrot de qualité pour une clientèle d'affaires. Et forcément pas très loin, dans les limites de la capitale catalane, pour garder un contrôle direct de l'activité. On ne change pas une formule qui gagne.